
Certains parcours ne tracent pas une ligne droite. Ils avancent par à-coups, franchissent des seuils, contournent des murs, et s’inventent dans le réel. Le parcours d’Allan en fait partie. De l’apprentissage à la direction d’ateliers, en passant par l’expérience fondatrice chez Cartier, il incarne un cheminement lucide, ancré dans le métier, l’humain et la transformation.
Allan fait partie de ces profils rares qui ne se contentent pas d’entrer dans un système : ils le questionnent. Dès son arrivée dans l’univers codifié de la joaillerie de luxe, il pose les bonnes questions. Celles qui vont à l’essentiel. Celles qui ne se satisfont pas du discours convenu. Il demande des réponses nettes, concrètes, sur ce que l’on fait, sur ce que cela signifie vraiment. Très vite, il devient un élément atypique dans la cellule de réflexion interne de la Maison : un esprit structuré, exigeant, à la fois technique et lucide.
Formé en joaillerie avec un CAP et un BMA, complété par un bagage solide en conception 3D, il commence chez Cartier au Bureau d’Études. Là, il travaille au sein d’un “îlot” — une mini équipe autour d’un même projet — notamment sur des thèmes forts comme les animaux ou les fleurs. Il comprend vite les codes de la Maison et les fait évoluer, dans un dialogue constant entre tradition et innovation. En quelques années, il parcourt tous les pôles. Là où d’autres s’installent, lui explore.
Mais la suite ne se fait pas dans la continuité. Elle prend le tournant de l’aventure entrepreneuriale. Après Cartier, c’est le passage en “mode furtif” : les premières idées, les premiers essais, et très vite la décision de créer. Avec Baptiste, il lance un atelier à deux, dans 12 mètres carrés. Ce sera le point de départ. Malgré le contexte difficile du confinement, les deux associés avancent, s’adaptent, se réajustent. L’atelier grandit. Puis un autre se crée. Puis un troisième.
Leur duo devient une structure. Chacun prend sa place : Baptiste en directeur d’atelier, Allan en directeur stratégique. Mais avec la croissance viennent de nouvelles responsabilités, une gestion plus lourde, et les premières remises en question. Ils apprennent à élargir, à déléguer, à repenser les rôles. Un travail en profondeur sur l’organisation, le modèle économique, la diversification des clients — indispensable pour la pérennité de l’activité.
Puis vient l’appel de la province. Une rencontre, une opportunité, une intuition. Une nouvelle étape commence, avec le même moteur : l’adaptation, le bon sens, et une lecture claire du terrain. Les épreuves ne manquent pas. Les erreurs non plus. Mais c’est dans cette franchise que réside la valeur du témoignage : tout s’apprend dans l’action, dans l’expérience vécue.
Allan avance avec une sincérité rare. Il partage sans détour les difficultés de la création d’entreprise, les erreurs de parcours, les obstacles concrets. Mais il continue, porté par une volonté de faire mieux, de construire, d’apprendre encore. Il transforme chaque étape en levier d’évolution, personnel comme collectif.
Son engagement est aussi humain : pas de prisme ou de jargon, mais une parole simple, directe, qui rassemble autour d’un projet commun. Un langage de l’atelier, fait de respect et de lucidité. Aujourd’hui, il incarne une forme de leadership authentique, né de la pratique, de la confrontation au réel, et d’une vision à long terme.

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Bonne écoute !
Merci pour la qualité des photos à Louis.
De l’apprenti à l’entrepreneur, d’un atelier de 12 m² à une entreprise multisites, le chemin est exigeant. Mais il est jalonné de dignité, d’écoute, et de cette volonté de transmettre ce qui a été appris, dans la vérité du métier.





