Une vie ordinaire, presque banale au départ. Puis, peu à peu, les choses se mettent en place. Les rencontres surviennent, les chemins se dessinent. Il y a dans certaines trajectoires une forme de magie discrète, une manière dont la vie s’ouvre à force de curiosité, de patience et d’attention.
Anne de Jouvenet écrit la gemmologie avec une rare précision. Les mots, elle les sculpte comme d’autres taillent la pierre : avec soin, justesse et intuition. Chaque phrase semble chercher à révéler une nuance, une lumière intérieure. Elle sait captiver sans bruit, simplement en choisissant les mots qui touchent, qui éveillent.



La curiosité, chez elle, est un moteur inépuisable. Toujours une pierre à examiner, une gemme à découvrir, une rencontre à provoquer. Elle incarne cette énergie particulière que l’on retrouve chez ceux qui vivent dans l’entre-deux : à la fois ancrée dans les codes parisiens qu’elle maîtrise avec élégance — les ruelles discrètes, les ateliers nichés derrière des cours intérieures, les usages du monde feutré — et résolument tournée vers l’ailleurs. Une voyageuse du regard et de la matière, capable de passer d’un bureau parisien à une expédition à l’autre bout du monde, en quête d’une gemme ou d’une histoire.
Son parcours s’est enrichi au fil du temps d’un désir profond de transmission. D’abord à l’ING, auprès des élèves, puis aujourd’hui dans un travail plus intime : rassembler les récits familiaux, donner du sens à ce qui a été vécu, transmettre ce qui mérite de l’être. Ses gestes comme ses mots construisent des passerelles entre les générations.
La joaillerie, pour elle, est un lieu de rencontres exceptionnelles. La gemmologie, un champ de connexions inattendues. Et la curiosité, une source de vitalité. Un complexe vitaminé pour l’âme, capable de nourrir le regard et de maintenir vivant le lien au monde.
Observer les gemmes, les dessiner, les raconter — autant d’actes qui relèvent d’une même posture : celle de regarder attentivement, de traduire, et de révéler.
