Retour sur une rencontre véritable : Fabienne Thouvenot à l’École des Gemmes, la passion à l’état brut

Il existe, en région parisienne, un lieu discret où l’on apprend à lire les pierres comme on lirait un poème. Un lieu qui ne brille pas par son prestige, mais par la justesse de sa mission : transmettre, patiemment, la connaissance des gemmes.

Ce lieu, c’est l’École des Gemmes, à Bourg-la-Reine. Et derrière cette école, il y a une femme, une fondatrice, une pionnière : Fabienne Thouvenot.

Une école, une vision

Quand j’ai rencontré la fondatrice de cette école, j’ai tout de suite compris que je n’étais pas face à une “entrepreneure”, mais à une passeuse. De savoir, de passion, de rigueur.

Son objectif n’a jamais été de créer une école pour “former à un métier”, mais pour éveiller des regards, affiner des sensibilités, apprendre à voir autrement.

Son histoire commence avec les pierres, bien sûr. Mais aussi avec les gens qui les regardent. Ceux qui apprennent à les nommer, à les reconnaître, à en comprendre les subtilités – et à respecter ce qu’elles racontent du monde et du temps.

Un lieu de formation… et d’intuition

À l’École des Gemmes, on ne se contente pas de mémoriser les critères de qualité. On apprend à observer. À sentir. À faire le lien entre la matière et le sens.

C’est une école où l’on écoute autant qu’on regarde. Où l’on fait l’expérience de la gemmologie dans toute sa dimension humaine et sensorielle.

Lors de notre discussion, elle m’a parlé de l’importance de ne jamais couper l’enseignement de la réalité du terrain : les marchés, les voyages, les erreurs, les surprises.

Elle insiste aussi sur le fait que la gemmologie ne peut pas être enseignée sans humilité, tant les pierres savent parfois résister aux certitudes.

Transmettre, toujours

Ce qui m’a frappée chez elle, c’est son engagement tranquille. Une énergie sans démonstration, mais très constante. Elle connaît ses élèves, elle suit leurs parcours, elle sait que certains reviennent des années plus tard pour lui parler d’un projet, d’un bijou, d’un doute ou d’un souvenir de cours.

Son école a formé des passionnés, des professionnels, des reconvertis. Elle a permis à beaucoup de trouver leur place dans le monde des pierres, ou de retrouver une part de curiosité que la vie avait endormie.

Une parole rare, un regard juste

Ce n’est pas une personne qui parle pour parler. Mais quand elle le fait, chaque mot compte. Elle parle des gemmes comme d’êtres vivants. Elle évoque la beauté des inclusions, la chaleur d’une pierre chauffée par les mains, la patience qu’il faut pour ne pas trancher trop vite.

Et surtout, elle refuse les réponses toutes faites. C’est peut-être cela, au fond, qui fait d’elle une vraie pédagogue.

“Ce n’est pas la pierre qui doit s’adapter à nous, c’est à nous de nous ajuster à elle.”

Une rencontre qui éclaire

J’ai quitté cette rencontre avec une forme de gratitude. Pour ce qu’elle a bâti, pour ce qu’elle transmet, pour les dizaines d’élèves qui, grâce à elle, voient désormais les gemmes autrement.

Et je me suis dit que parfois, les lieux les plus importants ne sont pas les plus visibles. Mais ceux où l’on vient apprendre avec les mains, les yeux… et le cœur.