Retour sur une rencontre en or : Sylvie Descamps, le fil d’or entre les mains

Il y a des métiers qu’on croit presque oubliés. Et des mains qui les gardent en vie.

Quand j’ai rencontré Sylvie Descamps, brodeuse en fil d’or et Maître d’Art, j’ai compris que certaines traditions ne sont pas figées, mais vibrantes, évolutives, vivantes. Et que certains parcours ne suivent pas un tracé, mais des éclats, des soubresauts, des décisions profondes.

Ce jour-là, elle m’a parlé de son métier, de son élève, de son engagement. Et j’ai senti dans chacun de ses mots la précision, la fierté, la passion.

Un métier d’excellence, un parcours incarné

La broderie d’or, ce n’est pas seulement une technique : c’est un savoir-faire d’exception, une discipline artistique, un lien avec l’histoire. Sylvie Descamps en connaît toutes les règles, mais ne s’y enferme pas. Elle prend les rênes de son métier, le fait bouger, l’interprète, l’ouvre à d’autres horizons.

À ses côtés, Marlène Rouhaud, son élève, travaille avec elle dans une relation faite de respect mutuel, de confiance et d’échange. Car Sylvie croit à la transmission active : pas celle qui fige, mais celle qui transforme.

“Travailler en respect et en symbiose”, voilà l’un de ses mantras. Et ça se voit dans ses gestes, dans ses pièces, dans la manière dont elle parle de son atelier.

Un métier qui voyage

Le fil d’or l’a menée loin : jusqu’au Japon, où elle est partie représenter son savoir-faire, faire des démonstrations, créer des ponts entre les traditions textiles de l’Orient et celles de l’Occident.

Et justement, lors de l’événement célébrant les 25 ans du titre de Maître d’Art, à l’Hôtel de l’Industrie à Paris, j’ai découvert aux côtés de Sylvie un Trésor National Vivant venu du Japon. Une émotion forte.

Cette reconnaissance-là, faite de respect et de gratitude envers ceux qui maîtrisent un art au plus haut niveau, devrait exister partout.

C’est peut-être ce que signifie être Maître d’Art en France : porter un savoir, et le transmettre avec sens.

L’excellence, discrète mais affirmée

Dans cette conversation, j’ai aussi perçu la conscience aiguë qu’a Sylvie du chemin accompli.

Oui, elle a reçu la Médaille du Mérite.

Oui, elle est reconnue par ses pairs.

Mais ce qui la rend admirable, c’est la manière dont elle reste tournée vers les autres. Vers son élève. Vers le métier. Vers les voyages et les rencontres.

Elle parle avec fierté – et à juste titre – de son travail, de ses œuvres, de sa place dans la chaîne de création, notamment chez Cartier, où j’ai eu la chance de la croiser.

Et elle rappelle que l’excellence, ce n’est pas une fin : c’est un exercice quotidien, une exigence envers soi-même et ceux qu’on forme.

Une force tranquille

Il y a dans sa manière de parler une force discrète.

Le genre de force qu’on sent chez ceux qui ont aimé leur métier sans se brûler à la lumière.

Chez ceux qui savent que leur art est précieux, mais fragile. Et qu’il faut le porter haut sans jamais le figer.