Et si vous rencontriez un PDG ? Pas dans une salle de réunion, mais autour d’une conversation à cœur ouvert sur la joaillerie. De quoi parleriez-vous ? De chiffres ? De stratégie ?
Avec Stanislas de Quercize, l’échange prend tout de suite une autre tournure. Dès les premiers instants de notre conversation, on comprend que cet homme-là parle de la joaillerie comme d’une forme de poésie. Qu’il voit derrière chaque pierre, chaque création, chaque Maison, une histoire collective faite de gestes, d’héritage et de beauté.
Un parcours au cœur des Maisons iconiques
Ancien PDG de Van Cleef & Arpels puis de Cartier, Stanislas de Quercize a dirigé deux des plus grandes Maisons de la Place Vendôme. Mais ce n’est pas ce que l’on retient d’abord de lui. Ce que l’on retient, c’est son regard. Sa manière de parler des équipes, des ateliers, de ceux qu’il appelle “les mains d’or”. Un terme qu’il utilise avec respect et émotion, presque comme une signature.
Chez lui, pas de marketing clinquant ni de discours financier. Il parle de ceux qui créent, de ceux qui pensent, dessinent, montent, polissent et donnent vie aux bijoux. Il connaît chaque étape de fabrication, de l’idée à la cliente, et salue chaque personne impliquée dans le processus – y compris, dit-on, dans les bureaux en tout début d’année, pour souhaiter ses vœux, personnellement, à chacun.
Une vision : inclure, transmettre, séduire
Son approche est profondément humaine et collective : “Tout le monde est dans la même équipe”, dit-il. Pour lui, une Maison de joaillerie ne se construit pas seulement avec des icônes et des campagnes ; elle se nourrit de son histoire, de ses valeurs et du travail de chacun.
La transmission est au cœur de sa vision. Transmettre un patrimoine, une exigence, mais aussi un état d’esprit. Faire vivre une marque, ce n’est pas simplement renouveler ses collections : c’est réveiller les belles endormies, raviver une mémoire, choisir une thématique et l’explorer sans la trahir.
Chez Van Cleef & Arpels, c’est l’univers floral et l’esprit poétique de l’Alhambra.



Chez Cartier, c’est la majesté animale de la panthère ou la géométrie du “Juste un Clou”.
Comment renouveler ces langages ? Comment rester fidèle à une Maison tout en l’entraînant vers demain ? Voilà le véritable défi du dirigeant.
Un entretien sans marketing – et c’est tant mieux
Lors de notre échange, il n’a pas été question de parts de marché ni de cibles. On a parlé de ce que signifie incarner une marque. De comment une histoire ancienne peut porter du sens aujourd’hui. De ce que disent les bijoux sans parler.
Et surtout, on a parlé de séduction – non pas commerciale, mais esthétique. “La séduction a du sens en joaillerie”, dit-il. Elle commence par la beauté, elle passe par l’artisanat, elle touche l’émotion. Elle nous rend sensibles au monde, et peut-être meilleurs.
“A quoi servent les jolies choses ? Faut-il une réponse à cela ?”
Peut-être que non. Peut-être que chacun a la sienne.
Une leçon de simplicité



Parler avec Stanislas de Quercize, c’est aussi expérimenter l’élégance de la simplicité. Il vous met à l’aise, vous écoute vraiment, et valorise chaque rôle. Ce n’est pas si fréquent dans les grandes Maisons. Les dirigeants passent, les équipes restent. Et parfois, l’un d’eux laisse une empreinte, un vrai souvenir.
Son regard actuel sur la joaillerie – empreint de renouveau, d’écologie, de circularité – reste en mémoire. Parce qu’il nous rappelle que les vraies révolutions sont silencieuses, profondes, et portées par des convictions sincères.



